– Edmond, mon cher Edmond, préparez le panier de pique-nique, je veux déjeuner sur l’herbe. Je me sens lasse et triste, j’ai besoin d’être sur terre. La vraie, humide et odorante, qui offre ces jours-ci toutes ces primevères.
Et puis renseignez-vous et choisissez le lieu : paisible, isolé des regards et baigné d’un grand soleil. Nous irons vers midi, à la rosée séchée : je ne veux pas avoir froid quand je me coucherai.
Le majordome, silencieux et parfait, prépara à merveille, et conduit en voiture Madame jusqu’à un pré en bordure d’un ruisseau. L’herbe y était grasse, l’eau cristalline chantait et des parterres de jonquilles ondulaient au vent doux.
Madame était badine, en croquant un radis.
– Venez, Edmond, vous coucher près de moi. Cette tenue de campagne vous va à ravir, votre lutin joyeux n’est-il pas trop serré ?
Coquine, elle effleura en riant la toile claire, et le vit se gonfla.
– Qu’est-ce que cette chaleur ? Qu’est-ce qui palpite là ? Oh Edmond, ma chasse aux oeufs commence, voici un petit lapin ! Je vais le goûter vite : est-il en chocolat ?